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ГОМЕР ИЛИАДА \ ГОМЕР ОДИССЕЯ \
16
КОНЬ
"Что ты ржешь, мой конь ретивый,
Что ты шею опустил,
Не потряхиваешь гривой,
Не грызешь своих удил?
Али я тебя не холю?
Али ешь овса не вволю?
Али сбруя не красна?
Аль поводья не шелковы,
Не серебряны подковы,
Не злачены стремена?"
Отвечает конь печальный:
"Оттого я присмирел,
Что я слышу топот дальный,
Трубный звук и пенье стрел;
Оттого я ржу, что в поле
Уж не долго мне гулять,
Проживать в красе и в холе,
Светлой сбруей щеголять;
Что уж скоро враг суровый
Сбрую всю мою возьмет
И серебряны подковы
С легких ног моих сдерет;
Оттого мой дух и ноет,
Что наместо чепрака
Кожей он твоей покроет
Мне вспотевшие бока".
Примечания.
1 Фома I был тайно умерщвлен своими двумя сыновьями Стефаном и Радивоем в
1460 году. Стефан ему наследовал. Радивой, негодуя на брата за похищение
власти, разгласил ужасную тайну и бежал в Турцию к Магомету II. Стефан, по
внушению папского легата, решился воевать с турками. Он был побежден и бежал
в Ключ-город, где Магомет осадил его. Захваченный в плен, он не согласился
принять магометанскую веру, и с него содрали кожу.
2 Щиколодка, по московскому наречию щиколка.
3 Так называют себя некоторые иллирийские раскольники.
4 Фаланга, палочные удары по пятам.
5 Радивой никогда не имел этого сана; и все члены королевского семейства
истреблены были султаном.
6 Кафтан, обыкновенный подарок султанов.
7 Анахронизм.
8 Трогательный обычай братования, у сербов и других западных славян,
освящается духовными обрядами.
9 Неизвестно, к какому происшествию относится эта песня.
10 Потеря сражения приписывается далматам, ненавистным для влахов.
11 Жиды в турецких областях суть вечные предметы гонения и ненависти. Во
время войны им доставалось от мусульман и христиан. Участь их, замечает В.
Скотт, походит на участь летучей рыбы. - Мериме.
12 Банялука, прежняя столица Боснийского пашалыка.
13 Селихтар, меченосец.
14 Все народы почитали жабу ядовитым животным.
15 Мицкевич перевел и украсил эту песню.
16 Гайдук, глава, начальник. Гайдуки не имеют пристанища и живут разбоями.
17 Западные славяне верят существованию упырей (vampire). См. песню о Марке
Якубовиче.
18 Мериме поместил в начале своей Guzla известие о старом гусляре Иакинфе
Маглановиче; неизвестно, существовал ли он когда-нибудь; но статья его
биографа имеет необыкновенную прелесть оригинальности и правдоподобия. Книга
Мериме редка, и читатели, думаю, с удовольствием найдут здесь жизнеописание
славянина-поэта.
Notice sur Hyacinthe Maglanovich. {3}
Hyacinthe Maglanovich est le seul joueur de guzla que j'aie vu, qui fut
aussi poete; car la plupart ne font que repeter d'anciennes chansons, ou
tout au plus ne composent que des pastiches en prenant vingt vers d'une
ballade, autant d'une autre, et liant le tout au moyen de mauvais vers de
leur facon.
Notre poete est ne a Zuonigrad, comme il le dit lui-meme dans sa ballade
intitulee L'Aubepine de Veliko. Il etait fils d'un cordonnier, et ses
parents ne semblent pas s'etre donne beaucoup de mal pour son education, car
il ne sait ni lire ni ecrire. A l'age de huit ans il fut enleve par des
Tchingenehs ou Bohemiens. Ces gens le menerent en Bosnie, ou ils lui
apprirent leurs tours et le convertirent sans peine a l'islamisme, qu'ils
professent pour la plupart. {1} Un ayan ou maire de Livno le tira de leurs
mains et le prit a son service, ou il passa quelques annees.
Il avait quinze ans, quand un moine catholique reussit a le convertir au
christianisme, au risque de se faire empaler s'il etait decouvert; car les
Turcs n'encouragent point les travaux des missionnaires. Le jeune Hyacinthe
n'eut pas de peine a se decider a quitter un maitre assez dur, comme sont la
plupart des Bosniaques; mais, en se sauvant de sa maison, il voulut tirer
vengeance de ses mauvais traitements. Profitant d'une nuit orageuse, il
sortit de Livno, emportant une pelisse et le sabre de son maitre, avec
quelques sequins qu'il put derober. Le moine, qui l'avait rebaptise,
l'accompagna dans sa fuite, que peut-etre il avait conseillee.
De Livno a Scign en Dalmatie il n'y a qu'une douzaine de lieues. Les
fugitifs s'y trouverent bientot sous la protection du gouvernement venitien
et a l'abri des poursuites de l'ayan. Ce fut dans cette ville que
Maglanovich fit sa premiere chanson: il celebra sa fuite dans une ballade,
qui trouva quelques admirateurs et qui commenca sa reputation. {2}
Mais il etait sans ressources d'ailleurs pour subsister, et la nature lui
avait donne peu de gout pour le travail. Grace a l'hospitalite morlaque, il
vecut quelque temps de la charite des habitants des campagnes, payant son
ecot en chantant sur la guzla quelque vieille romance qu'il savait par
c"?"ur. Bientot il en composa lui-meme pour des mariages et des
enterrements, et sut si bien se rendre necessaire, qu'il n'y avait pas de
bonne fete si Maglanovich et sa guzla n'en etaient pas.
Il vivait ainsi dans les environs de Scign, se souciant fort peu de ses
parents, dont il ignore encore le destin, car il n'a jamais ete a Zuonigrad
depuis son enlevement.
A vingt-cinq ans c'etait un beau jeune homme, fort, adroit, bon chasseur et
de plus poete et musicien celebre; il etait bien vu de tout le monde, et
surtout des jeunes filles. Celle qu'il preferait se nommait Marie et etait
fille d'un riche morlaque, nomme Zlarinovich. Il gagna facilement son
affection et, suivant la coutume, il l'enleva. Il avait pour rival une
espece de seigneur du pays, nomme Uglian, lequel eut connaissance de
l'enlevement projete. Dans les m?urs illyriennes l'amant dedaigne se console
facilement et n'en fait pas plus mauvaise mine a son rival heureux; mais cet
Uglian s'avisa d'etre jaloux et voulut mettre obstacle au bonheur de
Maglanovich. La nuit de l'enlevement, il parut accompagne de deux de ses
domestiques, au moment ou Marie etait deja montee sur un cheval et prete a
suivre son amant. Uglian leur cria de s'arreter d'une voix menacante. Les
deux rivaux etaient armes suivant l'usage. Maglanovich tira le premier et
tua le seigneur Uglian. S'il avait eu une famille, elle aurait epouse sa
querelle, et il n'aurait pas quitte le pays pour si peu de chose; mais il
etait sans parents pour l'aider, et il restait seul expose a la vengeance de
toute la famille du mort. Il prit son parti promptement et s'enfuit avec sa
femme dans les montagnes, ou il s'associa avec des heyduques {3}.
Il vecut longtemps avec eux, et meme il fut blesse au visage dans une
escarmouche avec les pandours4). Enfin, ayant gagne quelque argent d'une
maniere assez peu honnete, je crois, il quitta les montagnes, acheta des
bestiaux et vint s'etablir dans le Kotar avec sa femme et quelques enfants.
Sa maison est pres de Smocovich, sur le bord d'une petite riviere ou d'un
torrent, qui se jette dans le lac de Vrana. Sa femme et ses enfants
s'occupent de leurs vaches et de leur petite ferme; mais lui est toujours en
voyage; souvent il va voir ses anciens amis les heyduques, sans toutefois
prendre part a leur dangereux metier.
Je l'ai vu a Zara pour la premiere fois en 1816. Je parlais alors tres
facilement l'illyrique, et je desirais beaucoup entendre on poete en
reputation. Mon ami, l'estimable voivode Nicolas***, avait rencontre a
Biograd, ou il demeure, Hyacinthe Maglanovich, qu'il connaissait deja, et
sachant qu'il allait a Zara, il lui donna une lettre pour moi. Il me disait
que, si je voulais tirer quelque chose du joueur de guzla, il fallait le
faire boire; car il ne se sentait inspire que lorsqu'il etait a peu pres
ivre.
Hyacinthe avait alors pres de soixante ans. C'est un grand homme, vert et
robuste pour son age, les epaules larges et le cou remarquablement gros; sa
figure est prodigieusement basanee; ses yeux sont petits et un peu releves
du coin; son nez aquilin, assez enflamme par l'usage des liqueurs fortes, sa
longue moustache blanche et ses gros sourcils noirs forment un ensemble que
l'on oublie difficilement quand on l'a vu une fois. Ajoutez a cela une
longue cicatrice qu'il porte sur le sourcil et sur une partie de la joue. Il
est tres extraordinaire qu'il n'ait pas perdu l'?il en recevant cette
blessure. Sa tete etait rasee, suivant l'usage presque general, et il
portait un bonnet d'agneau noir: ses vetements etaient assez vieux, mais
encore tres propres.
En entrant dans ma chambre, il me donna la lettre du voivode et s'assit sans
ceremonie. Quand j'eus fini de lire: vous parlez donc l'illyrique, me dit-il
d'un air de doute assez meprisant. Je lui repondis sur-le-champ dans cette
langue que je l'entendais assez bien pour pouvoir apprecier ses chansons,
qui m'avaient ete extremement vantees. Bien, bien dit-il; mais j'ai faim et
soif: je chanterai quand je serai rassasie. Nous dinames ensemble. Il me
semblait qu'il avait jeune quatre jours au moins, tant il mangeait avec
avidite. Suivant l'avis du voivode, j'eus soin de le faire boire, et mes
amis, qui etaient venus nous tenir compagnie sur le bruit de son arrivee,
remplissaient son verre a chaque instant. Nous esperions que quand cette
faim et cette soif si extraordinaires seraient apaisees, notre homme
voudrait bien nous faire entendre quelques uns de ses chants. Mais notre
attente fut bien trompee. Tout d'un coup il se leva de table et se laissant
tomber sur un tapis pres du feu (nous etions en decembre), il s'endormit en
moins de cinq minutes, sans qu'il y eut moyen de le reveiller.
Je fus plus heureux, une autre fois: j'eus soin de le faire boire seulement
assez pour l'animer, et alors il nous chanta plusieurs des ballades que l'on
trouvera dans ce recueil.
Sa voix a du etre fort belle; mais alors elle etait un peu cassee. Quand il
chantait sur sa guzla, ses yeux s'animaient et sa figure prenait une
expression de beaute sauvage, qu'un peintre aimerait a exprimer sur la
toile.
Il me quitta d'une facon etrange: il demeurait depuis cinq jours chez moi,
quand un matin il sortit, et je l'attendis inutilement jusqu'au soir.
J'appris qu'il avait qutte Zara pour retourner chez lui; mais en meme temps
je m'apercus qu'il me manquait une paire de pistolets anglais qui, avant son
depart precipite, etaient pendus dans ma chambre. Je dois dire a sa louange
qu'il aurait pu emporter egalement ma bourse et une montre d'or qui valaient
dix fois plus que les pistolets, qu'il m'avait pris.
En 1817 je passai deux jours dans sa maison, ou il me recut avec toutes les
marques de la joie la plus vive. Sa femme et tous ses enfants et
petits-enfants me sauterent au cou et quand je le quittai, son fils aine me
servit de guide dans les montagnes pendant plusieurs jours, sans qu'il me
fut possible de lui faire accepter quelque recompense.
1) Tous ces details m'ont ete donnes en 1817 par Maglanovich lui-meme.
2) J'ai fait de vains efforts pour me la procurer. Maglanovich lai-meme
l'avait oubliee, ou peut-etre eut-il honte de mе reciter son premier essai
dans la poesie.
3) Espece de bandits.
4) Soldats de la police.
19 Вурдалаки, вудкодлаки, упыри, - мертвецы, выходящие из своих могил и
сосущие кровь живых людей.
20 Лекарством от укушения упыря служит земля, взятая из его могилы.
21 По другому преданию, Георгий сказал товарищам: "Старик мой умер; возьмите
его с дороги".
22 Прекрасная эта поэма взята мною из Собрания сербских песен Вука
Стефановича.
23 Песня о Яныше королевиче в подлиннике очень длинна и разделяется на
несколько частей. Я перевел только первую, и то не всю.
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